Six mois auparavant, devant l'académie de Shashin, un jeune homme marchait. Son physique peu imposant le rendait invisible aux yeux de la plupart des gens. Le vent, soufflant dans les rues de la cité, ébourrifait les cheveux de celui-ci. Ce fut par la suite dans un geste lent et calculé qu'il écarta une mèche de cheveux lui cachant la vue. Un sac à dos sur les épaules, un papier dans une main, le bruit des enfants chahutant autour de lui ne le dérangeait guère. Que faisait-il encore à l'académie à son âge ? Du haut de ses dix-sept ans, chaque jour lui rappelait un peu plus son incompétence. Les seuls moment où il parvenait à oublier tout ses tracas c'était lorsqu'il méditait, seul.

« Au revoir Sahee, à demain !
- Oui, à demain Shiro! »

D'un geste de la main, notre jeune homme adressa ses salutations à une fille partant dans la direction opposée. Sahee était une de ses camarades de classes. Enfin pas tout à fait. Comme l'académie des ninjas et l'Université de Shashin étaient côté à côté, les deux jeunes gens se croisaient chaque soir, parlant de tout et de rien pendant un petit quart d'heure avant de se quitter. Shiro tenait beaucoup à elle. C'était la seule personne à le considérer comme un être normal et à le traiter comme n'importe quel garçon. Une vague de poussière se leva soudainement et obligea l'adolescent à protéger ses yeux avec sa main droite. Prenant la première intersection qu'il rencontra afin de s'abriter, il continua tranquillement sa promenade jusqu'à chez lui. Les cours étant à présent finis, il ne lui restait plus qu'à faire ses devoirs pour être tranquille. Il n'était pas comme les autres, il le savait.

Au lieu d'entrer à l'académie des ninjas comme la plupart des jeunes du village il s'était inscrit dans une autre académie banale où l'on apprenait uniquement la théorie. En effet, ce genre d'écoles permettaient de former des ingénieurs, des cuisiniers, des boulangers, mais sûrement pas des ninjas. Avançant le long de la clôture délimitant la ruelle sombre, trois ombres surgirent alors devant lui. Avant même qu'il n'ait le temps de faire le moindre geste, le premier des trois individus s'avança face à lui. Levant une main, il lui colla une baffe monumentale, plaquant Shiro à terre. Se frottant énergiquement la joue, un regard noir porté sur son agresseur, celui-ci s'assit par terre afin d'opter pour une position plus ou moins décente.

« Ecoute Hyung, je n'avais pas d'argent pour le déjeuner aujourd'hui ! Je n'ai même pas mangé ! »

Ricanant comme une hyène, le plus âgé des trois et chef de cette bande se tourna vers ses amis.

« Vous avez entendu ça les gars ? Il n'a pas d'argent pour moi ! Mais tu sais très bien ce que tu risques en ne me payant pas. Je m'enfous que tu n'aies pas d'argent, tant que j'ai le mien, tu comprends ? »

Hochant la tête de bas en haut, notre jeune homme terrifié resta à terre. Ses jambes flagellantes comme jamais, il n'aurait pas pu se lever, même s'il l'avait voulu. Tournant la tête à gauche puis à droite, il vit qu'au moins quatre ou cinq personnes le fixaient. Mais ils ne pouvaient rien faire. Hyung était connu pour être la terreur du quartier possédant des facultés au combat plus qu'exceptionnelles. Se redressant alors sur un genou, l'étudiant ne vit pas le coup de pied qui l'arracha à son profond désespoir. Projeté en arrière, celui-ci s'étala sur le dos. Il n'osa alors plus bouger, de peu de provoquer son agresseur. Ce fut avec le coeur serré qu'il compta les secondes qui passèrent en priant pour que son assaillant s'en aille. Malheureusement pour lui, le monde était bien plus cruel qu'il ne le pensait.

« Bon, donnez lui une bonne correction les gars. Faîtes lui comprendre ce qu'il en coûte de ne pas me donner mon argent ! »

Les deux minutes qui suivirent lui parurent être un enfer. Shiro ne compta pas le nombre de coups de pieds qu'il se prenait. Recroquevillé dans une position de foetus, il absorbait les coups, se contentant de gémir aux plus violents. Une douleur vive lui arrachait les entrailles, lui rappelant un peu plus à chaques secondes que ses trippes devaient être en mauvais état. Son attitude farouche pouvait s'expliquer dans un cas comme celui-ci, mais chaque jour c'était la même chose. Il resta ensuite allongé par terre quelques minutes après le départ de la bande, espérant qu'aucune de ses côtes de soit brisée. Si cela avait été le cas, il n'aurait jamais eu assez d'argent pour se présenter devant un médecin. Reposant ensuite sur ses genoux, le souffle court, il se tenait le ventre des deux mains, priant pour que la douleur cesse. Fixant le sol de ses yeux ronds, il craqua alors. Se lamentant sur son sort, il s'affaissa à nouveau par terre, pleurant à la mort. Chaque larme qu'il versait coulait jusqu'à sa bouche, se mélangeant au goût du sang qui subsistait. Sentant un voile noir se poser délicatement sur ses yeux, il sombra ensuite dans l'inconscience, implorant le ciel de bien vouloir le déléster de ses tourments.



Ce fut dix-sept années auparavant que Shirotsuki, surnommé Shiro par les gens qu'il connaissait, naquit dans le Nord, parmi son clan. Fruit d'un amour interdit entre un Kanpa et une femme exterieure au clan, celui-ci ne fut tout d'abord pas accepté par son père. Il possèdait d'un côté une mère qui l'aimait à la folie et de l'autre un père le reniant. Ne voulant tout d'abord pas entendre parler de lui, son géniteur ne croyait pas en la parole de sa mère. Une examination approfondie écarta alors tout ses doutes : Aucune erreur n'était possible, Shiro était bien son fils. Deux solutions s'offraient alors à lui : Il pouvait quitter son clan pour s'adonner à une vie de famille ou rester ancré à son clan. Lorsque les chefs Kanpa l'apprenèrent, ils prirent la décision à sa place. Le bannissement définitif de celui-ci fut alors voté à l'unanimité. Pour eux, Shiro ne faisait pas partie de leur famille. Il était née d'un mariage inexistant entre un membre d'une famille noble et une simple kunoichi de faible richesse. Le petit garçon, lui, ne connut jamais ses parents, décédés deux ans après lors d'une mission tout à fait banale.

Il fut tout d'abord placé dans une famille d'acceuil puis passa dans un orphelinat jusqu'à l'âge de seize ans, l'orphelinat de Shashin. Tout au long de sa vie, il vécut seul, abandonné par toutes les personnes qu'il connaissait et ignoré des autres. La plupart des Hommes le considéraient comme un monstre car une chose anormale s'était produite : En bon enfant née d'une union entre deux personnes possédant du chakra, lui en était dépourvu. Il ne possédait aucune réserve. Condamné à regarder les autres se battre pendant qu'il suivait des études, rien au monde ne lui aurait plus fait plaisir que de pouvoir entrer dans ce monde qui lui était inconnu. Mais rien n'y fit. Ciblé par la moquerie des autres, il était pour tous un modèle d'enfant raté. Personne ne savait comment c'était possible, personne ne savait d'où cette anomalie pouvait venir, mais elle était bien là et aucun remède n'existait. I

Cela faisait deux ans que cette brute de Hyung le torturait chaque jour. Considérant Shiro comme son souffre douleur, il éprouvait un malin plaisir à lui voler le peu d'argent qu'il possédait chaque jour. Depuis qu'il avait été émancipé à l'âge de 16 ans, l'étudiant vivait seul dans un appartement hérité de sa mère. Mais même sans avoir de loyer à payer, gagner de quoi manger chaque jour tout en suivant des études lui était très difficile. Passant d'étudiant à bibliothecaire, de bibliothécaire à concierge, de concierge à paysagiste et de paysagiste à gardien de nuit, chacun de ses boulots lui prenaient un temps fou. Tellement de temps qu'il n'en avait presque plus pour réviser. Pourtant intelligent et doué, il se situait dans la moyenne de sa classe. Pour lui, cela importait peu d'être premier ou non, tant qu'il était heureux. Seulement, ces temps-ci étaient difficiles et heureux n'était pas le mot juste pour le décrire.

Depuis son plus jeune âge, Shiro voulait devenir un combattant de premier ordre. Même si au fond de lui il s'en savait incapable, il continuait quand même à croire en une destinée tout autre.

Le lendemain , après avoir rencontré Hyung, Shiro s'était réveillé dans l'infirmerie de son école. Ouvrant légèrement les yeux, le blanc environnant l'éblouit tout d'abord au point qu'il dut placer son bras devant son visage. Quelques secondes passèrent avant qu'il ne puisse correctement se décrire la salle. Tournant la tête de droite à gauche, tout ce qu'il vit était trois rideaux et un mur. Il reconnut immédiatement l'endroit mais ne s'inquiéta tout d'abord pas. Se redressant sur les coudes, il fut foudroyé par une vive douleur au niveau du thorax. Le souffle court, il écarta d'un geste sec le voile qui le séparait de la porte d'entrée, espérant y trouver une quelconque personne. En effet, l'infirmière de l'école était assise à côté de lui, feuilletant un magazine. Levant tout d'abord les yeux, elle fit en premier lieu mine de l'ignorer. Puis, retirant avec une de ses mains ses lunettes et refermant son livre de l'autres, elle prit un air des plus sérieux pour s'adresser au jeune garçon.

« Tu sais que ce n'est pas bien de te battre !
- Oui madame Seohung, je le sais.
- ... Pourquoi tu ne me racontes pas ?
- Raconter quoi ? »

Prenant une mine surprise, l'étudiant pariait sur l'ignorance du médecin en charge de l'école. Seulement, celle-ci se contenta de sourire, affichant un visage radieux et heureux.

« Tu sais, je suis moins bête que j'en ai l'air. Je sais que c'est encore Hyung qui t'as fait ça.
- S'il vous plaît, ne dîtes rien à personne !
- Tu as honte n'est-ce pas ? »

Cette phrase toucha le jeune homme en plein coeur. Effectivement, il avait honte. Honte de se faire frapper tout les jours, honte de manquer de courage pour leur faire face, honte de ce qu'il était. Il avait honte de lui-même. Bondissant hors du lit, celui-ci s'en alla avec un air furibond vers la porte, s'accomodant d'un signe de main et d'un "merci" tout aussi discret qu'inutile. Il n'osa pas regarder la femme dans les yeux, il ne voulait pas qu'elle le voit pleurer. Courant le plus vite possible, haletant comme un chien malade, celui-ci fuyait le plus loin possible. Il courait parmi un paysage qui défilait à grande vitesse, ne réflechissant pas à l'endroit vers lequel il se dirigeait.

Il se retrouva bien vite sur le toit à observer par dessus la rambarde de métal les environs. Il ne voulait plus redescendre, pensant que tout ses problèmes reviendraient au moment où il mettrai pied à terre. Aujourd'hui encore, il allait devoir se frotter à la bande de l'autre salaud. Encore une fois, il allait se retrouver à terre avant d'avoir pu faire quoi que ce soit et finir à l'infirmerie, l'endroit qu'il cotoyait le plus ses temps-ci. Finissant d'apprécier le paysage, Shiro se retourna alors pour commencer à redescendre. Avant même qu'il n'ait pu accomplir son demi-tour, une foudroyante douleur le prit au niveau de la joue. Rouvrant à nouveau les yeux, il se trouvait à présent face au ciel, autrement dit allongé par terre. La tête de Hyung dépassa alors de ce cadre magnifique avec un large sourire.

« Alors, on pensait m'éviter en venant se cacher sur le toit ?
- Non, non j'te jure ! Je sors tout juste de l'infirmerie !
- Je m'enfous de ça. T'as mon fric ?
- Pas plus que hier, mais demain je l'aurai !
- Sauf que je le veux maintenant moi ! »

Dégainant alors un couteau d'environ 15 cm de long, il tendit vers lui la lame. L'éclat brillant de celle-ci ainsi que les reflets du soleil couchant se répercutant dessus éblouirent un instant Shiro avant qu'il ne sente le contact glacé de l'arme blanche sur son cou.

« Je t'avais prévenu ... »

Fermant les yeux comme pour échapper à un mauvais cauchemar, Shiro entendit soudainement la porte menant au toit s'ouvrir. Un homme plutôt grand ayant la trentaine pénétra soudainement sur le terrain. Ses cheveux attachés formaient un épi à l'arrière de son crâne et sa chemise à fleur le déscreditait totalement.

« Laissez ce gosse tranquille. »

Avant même que le jeune garçon n'ait pu faire le moindre geste, Hyung s'approcha de l'adulte avec les deux gorilles qui le suivait.

« Hé le vieux, casse-toi d'ici, t'as rien vu.
- Je vous ai dit de le laisser.
- Tu tiens tellement que ça à mourir ?
- Et toi à être viré apparemment. »

Hyung tourna alors sa tête vers Shiro qui tremblait encore de tout ses membres. Le regard noir qui s'était à présent posé sur lui jaugeait s'il était digne d'une expulsion ou non. Puis le prédateur rangea soudainement son arme dans sa poche.

« T'as de la chance cette fois-ci, mais la prochaine fois gare à toi ... »

Puis ils disparurent de sa vue, retournant dans le complexe. Soufflant alors un bon coup, il s'affaissa à nouveau, fixant le ciel avec de gros yeux ronds. L'adrénaline qui circulait dans son sang l'avait rendu énergique. Peut-être un peu trop. Se redressant alors, il posa son regard sur le gars qui venait de le sauver.

« Comment pourrais-je vous remercier ?
- Oh tu pourras bientôt.
- Comment ?
- En ayant de bonnes notes en anglais, pardis !
- Vous voulez dire que ...
- Oui, je suis ton nouveau English Teacher ! »



Les yeux écarquillés, une bouche béante, Shiro se demandait comment un professeur d'anglais avait pu le sauver. En effet, n'importe quel enseignant du bahut savait pourtant qu'il ne fallait pas se frotter à Hyung. Descendant les marches, toujours en état de choc, le jeune étudiant savait qu'il ne fallait pas traîner ici plus longtemps. Si son adversaire le retrouvait, il n'y aurait personne pour le sauver. Déambulant comme un fantôme dans les couloirs de l'école, s'arrêtant à chaque intersection, celui-ci parvint enfin à sortir du bâtiment. Il ne voulait pas aller en cours, pas aujourd'hui. Rentrant chez lui, il se coucha à peine la porte d'entrée franchie et passa la pupart du journée au lit. Observant son plafond comme si sa vie en dépendait, il fallait absolument qu'il trouve une solution.


Le soir, aux alentours de vingt heures, Shiro se décida enfin à sortir de sa couche pour aller se chercher quelque chose à manger. Sa déception fut d'autant plus grande que son réfrigirateur était vide. Soupirant de déception, il fallait qu'il sorte s'acheter quelque chose en ville. Enfilant alors un long manteau noir, il décida de se diriger dans le restaurant de Ramen le plus proche. Marchant comme une ombre dans la ville, le visage caché par sa capuche, il évitait de lever les yeux pour ne pas qu'on le reconnaisse. Il n'était pas d'humeur à parler à quelqu'un et voulait encore moins rencontrer un de ses professeurs. Tournant alors la tête au détour d'une ruelle, une vision choquante se présenta ensuite à lui. Debout, face à trois délinquants notoirs, son professeur d'anglais tentait aussi bien que mal de calmer ses interlocuteurs. Apparemment très excités, ils n'avaient pas l'air de vouloir stopper leurs menaces. Soudainement, l'instituteur frappa d'un coup de pied violent le menton de celui qui lui faisait face. Son corps fut projeté au moins à trois mètres, ce qui fit halluciner Shiro. Certain de rêver, il restait pourtant sans bouger, observant le combat ardent qui s'engageait. Esquivant le premier coup, le professeur se servit de son élan pour frapper le second protagoniste au niveau du bas-ventre qui s'écroula alors en poussant un gémissement rauque. Il venait de mettre au tapis un mec en un seul coup, pensa Tsuyoshi.

Voir un vrai combat était une première pour lui, et c'était en plus son professeur d'anglais qui était là. Utilisant alors une clé de bras pour mettre à terre le dernier de ses adversaires, il s'en alla comme si de rien n'était, sans même livrer les délinquants à la police. Ce fut après cinq minutes de paralysie que Tsuyoshi se réveilla enfin de son état léthargique pour rentrer chez lui sans se nourrir. Toute la nuit, il ne fit que réflechir, se passant en boucle la scène dans sa tête maintes et maintes fois. Un nouvel horizon allait s'ouvrir à lui, il en était persuadé. Mais pour l'instant, l'important était de se reposer pour le lendemain ...

Les cours commencèrent, comme d'habitude, à 8 heures du matin. Shiro passa la plupart du temps à rêvasser, réflechissant aux propos qu'il allait tenir face à son professeur d'anglais. Puis la pause de midi arriva. Sautant de sa chaise tout en attrapant son sac au passage, le jeune étudiant se dirigea immédiatement vers la salle des professeurs. Remarquant au passage l'absence de son sauveur, il partit immédiatement vers la sortie arrière de l'école. Poussant la porte, son coeur s'arrêta de battre lorsqu'il vit le fameux instituteur en train de fumer une cigarette. Il fallait qu'il lui parle, et rapidement. S'approchant alors de ce dernier, il lui fit face et avec tout le courage qui le possédait prononca les paroles les plus lourdes de sens qu'il n'avait jamais prononcé.

« Senseï, apprenez moi les arts martiaux ! »

Absorbant lentement une bouffée de sa clope, le professeur ricana avant de croiser les bras, signe qu'il s'était mis sur la défensive.

« Et qu'est ce qui te fait croire que je sais me battre ?
- Je vous ai vu, hier soir. »

Ce dernier ne tenta pas de cacher sa surprise qui se lu aussitôt sur son visage.

« Si jamais tu répètes ce que tu as vu, je te tue. »

Se retournant alors, balançant en même temps sa drogue par terre, il commença à s'en aller. Shiro voyait à présent son rêve partir en fumée. Non, il ne comptait pas le laisser partir aussi vite. Attrapant le bras de son professeur afin d'attiré son attention, il posa son autre main sur son propre torse.

« Senseï, j'en ai marre d'être faible. Chaque jour, ces brutes m'extorquent et me rackettent mon argent. Personne ne m'a jamais appris à me battre et c'est pourquoi j'aimerai suivre vos enseignements. Je veux pouvoir faire face au danger et arrêter de le suivre. Je ne veux plus décevoir mes proches ! »

Un silence morbide plana alors pendant plusieurs secondes. Observant son aîné, attendant une quelconque réaction, chaque seconde qui passait éloignait Shiro de son but. Puis un rire se fit alors entendre. L'écho de celui-ci réverbera dans l'air et donnait l'impression d'entendre un rire machiavélique.

« Suis-moi, gamin ... »



Les deux protagonistes faisaient à présent face à un fleuve des plus profonds traversant la région. Placés au-dessus d'un pont, le professeur faisait à présent face à son élève.

« C'est simple : Pour suivre mon enseignement, il te faut être courageux et perseverant mais il faudra avant tout que tu suives le moindre de mes conseils. »

Tendant alors un bras vers la flotte, celui-ci fit un mouvement de va et vient de bas en haut.

« Saute dans l'eau. »

Restant tout d'abord bouche bée face à son senseï, Shiro pivota ensuite sa tête pour plonger son regard dans l'eau, tentant d'évaluer sa profondeur. Le pont se situait au moins à vingts mètres d'altitude, s'il sautait il risquerait fortement de mourir.

« C'est bien ce que je me disais ... »

Rebroussant alors chemin, l'instituteur avait bel et bien raison : L'élève n'était rien d'autre qu'un trouillard. C'est tout du moins ce qu'il pensa à ce moment précis. Entendant alors le bruit de l'eau venant de percuter un obstacle celui-ci se retourna immédiatement et courut au bord du pont, s'accrochant ainsi à la rembarde.

« Mais t'es taré ! Qu'est-ce qui te prend ! Je te dis de te suicider, et tu fonces ! Merde ... »

Plongeant alors tête la première dans l'eau à la façon d'un nageur passé expert dans cet art, celui-ci ressortit quelques instants plus tards avec le jeune garçon dans les bras, gisant dans les bras de morphé. Il n'ouvrit alors les yeux que quelques heures plus tard, en plein milieu de l'infirmerie de son école.

« Qu'est ce qu'il s'est encore passé ? ... »

Posant alors sa question à haute voix sans s'en rendre compte, l'infirmière ouvrit les rideaux qui l'entourait quelques secondes plus tard. Affichant un plaisir malin à travers son sourire, celle-ci se posa au chevet du jeune garçon.

« Inazuma-senseï m'a raconté ce qu'il s'était passé. Pourquoi as-tu sauté ?
- ... Pour rien ..
- Est-ce qu'il t'as promis quelque chose ... ? »

Ebahit par la perspicacité de la jeune demoiselle, Shiro ne put caché son rougissemen qui suivit. Elle venait de tomber juste. Mais comment pouvait-elle savoir que le professeur d'anglais pratiquait les arts martiaux ?

« Il t'a promis de t'apprendre à combattre n'est-ce pas ? Et toi, tu en rêves depuis tout petit parce que tu n'as pas de chakra ... »

La bouche grande ouverte, abasourdis par ce qu'il venait d'entendre, Tsuyoshi se leva d'un bond et tendis un doigt accusateur vers sa voisine.

« Comment êtes-vous au courant pour tout ça ?
- Je sais beaucoup de choses à ton sujet. Dis-moi, si je te disais qu'une solution pour ton problème existe, que me répondrais-tu ?
- Que je ferai tout pour l'avoir, absolument tout ! »

Se retournant alors, la jeune demoiselle posa ses mains sur un tiroir duquel elle tira une petite boite en bois. Une boule noire y trônait tel un trésor dérobé aux plus grands pirates.

« Qu'est-ce ?
- Un médicament du nom de Unwhol. Celui-ci permettrait en théorie d'agrandir le centre de Chakra d'un individu ..
- Mais je n'ai pas ce centre, n'est-ce pas ?
- Tout à fait, je ne connais donc pas les effets de celui-ci. Tout ce que je sais, c'est que tu n'as que 10% de chances de survivre ... Il faut donc que tu sois bien préparer avant de ... ! »

Avant même que la femme n'ait eu le temps de finir sa phrase, le médicament avait disparu de son douillet lit pour s'enfoncer dans la gorge du jeune garçon. Après tout, qu'avait-il à perdre ? Seulement même après dix minutes d'attentes, aucun des effets qu'il n'espérait ne se distinguèrent. Déçu de s'être autant attaché à une idée, Shiro rentra chez lui déçu. Il continuerai donc la vie misérable qu'il avait vécu jusqu'à maintenant. Comme le pauvre écolier qu'il était, il allait rentrer chez lui et s'abattre sur son fauteuil, à défaut d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Son chemin n'allait néanmoins pas se passer comme il l'espérait.

Une ombre sortit alors de son coin. Hyung, comme à son habitude, se dressait face à lui tout sourire. Avant même qu'il n'ait pu faire le moindre geste, ce dernier lanca son poing en direction du visage de son opposant. Shiro, effrayé par la réaction de son opposant, se contenta de fermer les yeux et de subir. Quelques secondes passèrent, et lui, toujours les yeux fermés, se demandait ce qu'il se passait. Ouvrant alors l'une puis l'autre paupière, il fut surpris de voir son ennemi à quelques mètres devant lui. Pourquoi avait-il reculer ? Regardant autour de lui, quelque chose clochait. Il s'en rendit alors rapidement compte : Ce n'était pas Hyung mais bel et bien Shiro qui avait reculé ! Avoir parcouru une telle distance en si peu de temps ne voulait dire qu'une seule chose ...

« Arrête de fuir, sale larve ! »

Cet abrutis, ne venait-il pas de se rendre compte que Shiro venait d'utiliser du chakra ? Courant à nouveau vers le jeune garçon, celui-ci recommença à balancer des coups que l'étudiant évita de façon plutôt efficace mais maladroite.

« Ah je vois, tu veux peut-être que je frappe tes amis à ta place ? »

Surpris par cette dernière déclaration, Shiro vit alors des images de Sahee passer dans sa tête. Il ne voulait pas l'entraîner dans ses histoires. Non, il ne fallait pas. Levant alors une garde peu efficace composée de ses deux poings, celui-ci se tint prêt à accueillir son adversaire. Souriant alors à pleines dents, Hyung s'approcha calmement de sa futur victime. Tapotant alors sa joue d'une doigt, celui-ci tendit son visage à son voisin.

« Je t'autorise à me frapper une fois, et une seule ... après, je te tuerai ! »

Hésitant tout d'abord sous la pression de ses jambes secouées par sa peur, il n'avait à présent plus le choix. Fermant à nouveau ses yeux inondés de larmes représentant l'angoisse qu'il ressentait, il balança aussitôt son poing en direction du visage de son ennemi. Un impact eut alors lieu suivit d'un son proche d'une explosion, comme si un avion venait de dépasser le mur du son. Rouvrant à nouveau les yeux, Tsuyoshi s'aperçu avec stupeur que son professeur d'anglais venait d'arrêter son coup de poing.

« Si tu fais ça, tu vas le tuer ... »

Pas très fier de son acte, c'était pourtant lui ou Hyung et il n'avait pas hésité un seul instant en apprenant que Sahee aurait pu être mêlée à cette histoire. Dégageant alors d'un coup de pied le délinquant, Inazuma-sama prit Shiro par le col et l'entraîna en direction d'un bâtiment non loin de là.

« Regarde ta main ! »

Baissant alors les yeux, Shiro vit avec stupéfaction que son bras était en sang. Pas uniquement le poing, mais tout les pores de sa peau étaient en effervescence.

« Que se passe-t-il ?!
- Ton trop plein de chakra est évacué ..
- Mais comment se fait-il que ...
- Ne t'inquiète pas. Ton corps est un peu comme le récéptacle de ton énergie ; avec un endurcissement physique, tout ira mieux »

Et c'est ainsi que, durant les six mois qui suivirent, Shiro s'entraîna sur avec son professeur afin de devenir son élève le plus doué et le plus talentueux qu'il n'eut jamais eut. Mélangeant alors le style du Jûken et du Gôken, il inventa son propre style : le Jôken.